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RENCONTRES

En maintenant un terrain couvert avec du vivant, elle permet d augmenter la production de matière sèche qui nourrit le sol, d accroître sa capacité de stockage du carbone et ainsi de réduire les émissions de CO2 dans l atmosphère. L ACS limite également l érosion hydrique des sols puisqu elle préserve leur porosité naturelle. On évite ainsi les coulées de boue qui entraînent les pertes de sol sur les routes ou les cours d eau. À l inverse, les méthodes classiques de labour dégradent cette matière organique. La permaculture obéit aux mêmes principes que l ACS, mais concerne des petites surfaces, d un hectare au maximum. L agriculture biologique a, quant à elle, voulu répondre à la question du traitement des cultures par la chimie en la réduisant, voire en la supprimant. Je crois, pour ma part, qu il faut repositionner la chimie au bon endroit. L agriculture biologique a raison d exister mais elle a aussi un coût et des limites, en particulier sur l absence de contrôle sanitaire et la productivité. Elle n est pas faite pour toutes les surfaces. Si l on s inquiète de l enjeu climatique et du stockage du carbone, alors c est vers l ACS qu il faut se tourner.

Quels facteurs et réflexions vous ont fait adopter ce modèle d agriculture ?

J ai cinquante-cinq ans et je fais ce métier depuis trente-cinq ans. Mon entrée dans l ACS s est nouée autour d une préoccupation apparue dans les années 1990 : comment adapter mon entreprise à de nouvelles exigences économiques et environnementales ? Je vis et travaille à proximité du Marais poitevin. L environnement est particulier. Les années 1989 et 1990 y ont été marquées par de fortes sécheresses avec à la clé de graves problèmes de gestion de l eau. Ces circonstances ont été pour moi un élément déclencheur.

Moins de 5 % des agriculteurs français ont opté pour l ACS. Quels sont les freins et les leviers au développement de cette agriculture ?

Il y a deux raisons principales à ce développement limité de l ACS. La première est que les acteurs économiques du monde agricole n y ont aucun intérêt. Quelles entreprises liées à notre secteur iront soutenir les agriculteurs dans cette voie puisque, pour elles, il n y a aucune plus-value possible sur les produits ? L autre frein, dans une logique inverse, est que la modification de la pratique agricole autour des sols ne correspondait pas à l origine à des critères écologiques connus. Nous, agriculteurs adeptes de l ACS, nous trouvions dans une sorte de no man s land. La faible expansion de l ACS doit aussi au fait qu elle s est développée dans des régions « pauvres » ou moins bien loties. Ces territoires n ont pas l aura des grandes régions agricoles françaises.

Si l on s inquiète de l enjeu climatique et du stockage du carbone, alors c est vers l agriculture de conservation des sols qu il faut se tourner.

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