INDUSTRIE
L innovation technologique s étend sur un large continuum, allant de la simple numérisation des processus sur papier aux frontières de la science-fiction. Qu il s agisse de logiciels de collaboration basés sur l infonuagique, de télématique, d équipements autonomes, de technologies de capture de la réalité ou autres, la conception, la construction et l entretien des ouvrages seront radicalement différents.
Si les dernières années ont été marquées par la numérisation, les prochaines serviront à utiliser les tonnes de données amassées à meilleur escient.
La préfabrication
Plus sophistiquée que la première génération, la construction hors site devrait aussi prendre de l ampleur.
Selon une étude de la société d experts-conseils McKinsey publiée en 2019 4, la préfabrication peut accélérer la livraison de projet entre 20 et 50 %. À terme, cela permettrait de réduire les coûts d un projet de plus de 20 % en optimisant les matériaux, la conception, la fabrication, les technologies, la logistique et l assemblage.
La préfabrication a aussi des bienfaits évidents pour l environnement, notamment en réduisant
les déversements, le bruit et la poussière qui incommodent les résidents près des chantiers, ainsi que les gaz à effet de serre liés aux nom- breux transports de matériaux.
L empreinte écologique et sociale
L industrie a la responsabilité de construire autrement, entre autres, pour atténuer les réper- cussions de ses projets sur l environnement et optimiser leurs retombées pour les collectivités.
Les déchets de construction et de démoli- tion produits par l industrie canadienne de la construction représentent 27 % du total des déchets solides envoyés aux sites d enfouisse- ment. Cependant, plus de 75 % de ces déchets ont une valeur résiduelle et pourraient être recyclés, récupérés ou réutilisés5.
De plus, en 2020, le secteur des bâtiments et de la construction représentait 36 % de la consommation finale mondiale d énergie et 37 % des émissions de CO2 liées à l énergie, par rapport aux autres secteurs d utilisation finale. Le niveau d émissions dans le secteur est inférieur de 10 % à celui de 2019, atteignant des creux jamais vus depuis 2007 ; une baisse due, en grande partie, au ralentissement des économies durant la pandémie6.
« Le REM, ou le Réseau express métropolitain, est un projet colossal qui vient ajouter un mode de transport collectif de type métro léger à Montréal. Si nous l avions construit il y a 10 ans, nous aurions pris au moins 2 fois plus de temps, et il aurait coûté au moins 2 fois le prix. Pourquoi ? Parce que 75 % du projet est préfabriqué. Et si nous n avions pas utilisé la numérisation, il aurait été impossible de réali- ser ce projet d une extrême complexité en si peu de temps. Si nous devions construire le REM dans 10 ans, l analyse de données serait 1 000 fois plus poussée qu aujourd hui. »
Pierre Pomerleau, devant le Cercle des présidents du Québec, août 2021
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