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Après la « drôle de guerre », Rueil-Malmaison est contrainte de vivre sous le joug de l Occupant. Le mois de juin 1940 voit d abord la ville se vider de la quasi-totalité de sa population et de ses services : jeunes et vieux, valides et ma- lades, boutiquiers, pharmaciens, pompiers, ambu- lanciers, policiers, employés des pompes funèbres et de la mairie, tous fuient l Allemand que la ru- meur annonce. C est la débâcle. Après une nuit de combat cau- chemardesque pour les quelque 800 Rueillois restés chez eux et tenus dans l ignorance, l ennemi s installe.

Toutes les bonnes volontés de la ville unissent leurs forces au service de la collectivité pour tout réor- ganiser, notamment le ravitaillement. Des centres de distribution de repas sont créés, les magasins d alimentation fermés sont rouverts, un marché permanent est mis en place. Des représentants de la mairie vont chercher de la viande à Paris et jusque dans l Eure et la Sarthe. Des travailleurs vont arracher les légumes dans les exploitations maraîchères abandonnées. Les services essentiels sont remis sur pied, à commencer par la collecte des ordures ménagères et la santé. Les bureaux principaux de la mairie recommencent également à fonctionner. Début juillet, les services et les admi- nistrateurs partis en exode reviennent, sous les huées des habitants.

Rapidement, un règlement est imposé par l Oc- cupant, qui oblige les débits de boisson à fermer à 21 heures et qui instaure un couvre-feu entre 22 heures et 5 heures. Des permis spéciaux sont prévus pour les personnages officiels, les prêtres, les médecins, les sages-femmes Les Allemands achètent et réquisitionnent quantité de denrées

et de marchandises pour leurs propres besoins, ce qui, ajouté aux difficultés de production, ne tarde pas à causer des pénuries. Le rationnement entre en vigueur, avec une liste de produits qui s allonge chaque jour un peu plus, à l instar des queues devant les magasins. Un service munici- pal du ravitaillement est créé en février 1941 pour alimenter les commerces. Un service civique rural est également instauré, qui permet de réquisition- ner les jeunes hommes aptes au travail agricole. 460 Rueillois sont ainsi envoyés aux champs. Des jardins ouvriers, protégés par des gardes, sont enfin aménagés par la mairie pour contribuer au ravi- taillement des familles. La vie économique tourne également au ralenti, faute de marchandises et de main d œuvre. Nombre d entreprises demandent

que soient rapatriés ou de pouvoir conserver le ou les employés indispensables à leur activité.

Pour gérer ce quotidien extraordinairement diffi- cile, les Français appliquent scrupuleusement deux grands principes : ne rien perdre et faire durer. Entre produits de substitution, récup et recyclage, le système D prime, ainsi que l entraide, tandis que la Résistance entre en action. Face à ces actes, les Allemands restreignent encore davantage les liber- tés. Les rassemblements sont désormais interdits. Les mariages, par exemple, doivent faire l objet d une autorisation officielle. Les déplacements sont également contrôlés. Toute personne circulant en voiture ou à vélo doit présenter un Ausweis, sous peine d être arrêtée, voire pire.

Il faudra cinq longues années aux Français pour sortir de ce cauchemar

Les heures sombres de Rueil- Malmaison : 1939-1945, par Liliane Kalenitchenko, édité par la Société historique de Rueil- Malmaison, 1995

En ces temps de confinement inédit, la vie n est pas sans rappeler par certains aspects toute proportion gardée le quotidien des Français durant la Seconde Guerre mondiale, sous l Occupation. Bien plus longue et plus difficile que celle que nous connaissons aujourd hui, cette période est relatée dans Les heures sombres de Rueil-Malmaison.

Quand l ennemi n était pas viral mais allemand

HISTOIRE Rubrique réalisée avec le précieux concours des membres de la société historique de Rueil-Malmaison (S.H.R.M.), présidée par Didier Ducros - Tél. : 01 47 32 57 38

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« Toutes les bonnes volontés de la ville unissent leurs forces au service de la collectivité pour tout réorganiser »