1.La fiscalité
Si l'on veut résumer la différence des avantages fiscaux entre les deux enveloppes, on peut dire que ceux-ci interviennent à l'entrée d'un PER alors que ceux de l'assurance vie sont surtout d'ordre successoraux. « Comme il est permis de déduire de son impôt sur le revenu les sommes investies dans un PER jusqu'à un plafond relativement élevé, il est évident que cette opportunité est plus particulièrement intéressante pour ceux étant dans la tranche d'imposition de 41 à 45 %.Ces versements sont plafonnés à 10 % des revenus bruts nets de frais du souscripteur avec une antériorité possible de trois ans et dans la limite de 32 500 euros au regard des revenus de 2020. L avantage sera d'au tant plus intéressant qu'à la sortie, lorsqu'ils aborderont la retraite, leurs revenus auront diminué et les sommes versées au titre de la liquidation du PER seront imposées dans une tranche marginale moins élevée. Ils seront même encore moins taxés s'ils choisissent de sortir en rente ou en versement fractionné du capital », soutient maître Benoît Gréteau, avocat fiscaliste chez Veil Jourde. Pour lui, l'intérêt de l'assurance vie, outre une plus grande flexibilité, tient plutôt à l'anticipation de la fiscalité successorale : pour les versements réalisés avant 70 ans, chacun des bénéficiaires peut recevoir, en franchise totale d'impôt et taxe, jusqu'à 152 500 . Au-delà, il devra payer 20%, puis 31,25% au-dessus de 700 000 . Pour les versements réalisés après 70 ans, le bénéficiaire est taxable en fonction des primes qui ont été versées par le souscripteur du contrat d'assurance vie après un abattement de 30 500 . Ce qui signifie que les intérêts capitalisés entre la date des versements et la date du décès sont totalement exonérés. Du côté du PER, c'est la date du décès, par définition aléatoire, qui est prise en compte. En cas de décès du titulaire du plan d'épargne retraite avant 70 ans, les sommes versées sont exonérées dans la limite de 152 500 par bénéficiaire. Les capitaux constitutifs de rentes viagères sont exonérés de prélèvements si les rentes ont été constituées moyennant le versement de primes régulièrement échelonnées pendant une durée d'au moins 15 ans et si le dénouement du PER intervient au plus tôt à compter de la date de liquidation de la retraite. Lorsque le décès de l'assuré inter vient après 70 ans, les sommes versées aux bénéficiaires entrent dans l'assiette des droits de succession après un abattement global de 30 500 . Ce qui fait dire à l'avocat qu'avec l'assurance vie, « on est maître de la fiscalité, ce qui n'est pas le cas avec le PER » « Compte tenu des spécificités fiscales de chacune de ces enveloppes, il est clair qu'elles n ont pas les mêmes fonctions. Dans le cadre du PER, on a là un complément de revenus au moment de la retraite. Au regard des avantages acquis à l'entrée, un épargnant de 30 ans aura tout intérêt à choisir une sortie en rente ou en capital fractionné qui lui permettra d'adoucir son effort fiscal à la sortie. Nos PER intéressent d'ailleurs une population assez jeune de 39 ans en moyenne. Les seniors de 55 ans et plus, ont plus intérêt à souscrire un contrat d'assurance vie compte tenu des avantages fiscaux successoraux », explique pour sa part, Emmanuel Bouriez, directeur général du cabinet de courtage d'assurance vie/épargne Predictis, filiale du Groupe Premium, pour qui l'assurance vie permet de faire face à des projets de vie, tandis que le PER est plus spécifiquement dédié à la retraite. Benoît Gréteau, lui, conseille ainsi de panacher les deux placements qui répondent à des objectifs différents tout en bénéficiant d'avantages fiscaux respectifs.
2.La liquidité C'est sur cet aspect que la différence entre les deux enveloppes est la plus manifeste. Si l'assurance vie est totalement liquide (même avant 8 ans), le PER, lui, ne peut être débouclé en capital ou en rente qu'à la retraite de son souscripteur. Ce qui ne correspond pas du tout au même projet patrimonial. « II ne faut toutefois pas oublier que des exceptions ont été introduites par le législateur, à commencer l achat de la résidence principale. Ce qui permet quand même d'envisager une porte de sortie plus rapide », convient Benjamin Proux, président adjoint d'Agéa et agent général de Swisslife, même s'il fait remarquer que cette sortie en cash, sera toute fois taxée normalement, à savoir 30 % sur les plus-values, tandis que le capital sera assujetti à la TMI du souscripteur. « II ne faut pas oublier que le PER peut aussi servir à transmettre un capital puisqu'il est possible d'ouvrir un PER pour ses enfants. Le donateur profite de l'avantage fiscal et les enfants seront contraints de conserver cette épargne au moins jusqu'à l'achat de leur résidence principale. Ce qui peut être une bonne chose pour ceux qui auraient pu être tentés de dépenser l'argent reçu dès leur majorité. C est une aubaine de pouvoir compter sur une telle aide de leurs parents, surtout que les enfants seront uniquement imposés sur le montant de la plus- value selon leur TMI », soutient Emmanuel Bouriez. D'autres exceptions sont également de mise comme le chômage de longue durée ou, encore moins drôle, le décès.
NOV 21