Haro sur les frais !
Le PER séduit par bien des aspects, mais il reste un sujet sensible: les montants prélevés par les assureurs. Sur une longue durée, il est crucial de limiter la note Le plan d'épargne-retraite (PER) est un produit d épargne de long terme, si bien que, avec un tel horizon de placement, les frais jouent un rôle considérable. Un petit calcul simple suffit à s'en convaincre. Supposons un versement de 50000 euros placé sur des supports rapportant 4 %. II peut être logé dans un premier contrat comprenant des frais d entrée de 3 % et des frais de gestion annuels de 1%,ou bien dans un second contrat sans frais d entrée et avec des frais de gestion réduits à 0,60 % annuel. Au bout de vingt cinq ans, l épargnant sera à la tête d un capital de 101548 euros dans le premier cas et de 115 341euros dans le second. Cela signifie que, avec le même effort d épargne et la même prise de risque, le contrat moins chargé en frais lui permettra de gagner près de 14000 euros supplémentaires. Or, dans les PER, on trouve des frais à tous les étages. Le 20 juillet dernier, Corinne Dromer, la présidente du Comité consultatif du secteur financier, a d'ailleurs alerté le ministre de l économie, des finances et de la relance sur le sujet. Dans un rapport, elle indique : «Les frais des PER individuels assurance, qui incluent les frais des assureurs et les frais des sociétés de gestion, sont nombreux, quels que soient les acteurs et les contrats considérés, et cette accumulation de frais pèse sur le rendement des contrats, a fortiori dans un environnement de taux bas qui est celui qui prévaut au moment de la commercialisation des PER. » Dans la foulée, Bruno Le Maire a enjoint aux professionnels du secteur d améliorer leurs pratiques. En attendant de voir le marché évoluer, l épargnant doit faire preuve de la plus grande prudence, à commencer par les frais sur versement. Ces derniers sont prélevés chaque fois que vous déposez de l argent sur le contrat. Un certain nombre de distributeurs n en prélèvent pas, notamment les acteurs Internet. D autres affichent des montants élevés (5 % chez Agipi et Aviva, 4,85 % chez Axa, 4,50 % chez Groupama et Generali...) même si ces taux maximaux ne sont pas toujours prélevés dans les faits. En effet, ces frais sont à la bonne volonté du conseiller. Ce dernier peut donc tout à fait effectuer un geste commercial et les réduire, en particulier si vous êtes un bon client. Quelques acteurs les limitent en cas de versements programmés : à la MACSF, ils passent ainsi de 3 % à 0,60 %.
Le coût des placements Autre couche de frais notables : ceux prélevés chaque année au titre de la gestion du contrat. Ils pèsent lourd du fait de leur récurrence. Là encore, c est le grand écart d un contrat à l autre. Sur le podium montent Yomoni Retraite (spécificité : c est un PER bancaire), à 0,30 % de frais de gestion, AMPLI-PER Liberté d AMPLI Mutuelle (un contrat réservé aux travailleurs non salariés et à leur conjoint), à 0,40 % sur les unités de compte, ainsi que le RES Retraite de la MACSF et Matla, le PER de la banque en ligne Boursorama, ces deux derniers affichant des frais de gestion de 0,50 %. Les contrats Meilleurtaux Liberté PER et Linxea Spirit PER, tous deux assurés chez Spirica, affichent égale ment 0,50 % sur les unités de compte, mais le fonds en euros de la maison annonce contractuellement jusqu à 2 % de frais, ce qui permet à l assureur de limiter la garantie en capital. Côté bonnet d'âne, on trouve une palanquée de PER à 1 % de frais de gestion : Afer Retraite Individuelle, PER Assurance Retraite du Crédit mutuel-CIC, PERtinence Retraite de Suravenir... II ne faut cependant pas s arrêter à ces frais de gestion. II faut également s intéresser au coût des placements proposés à l intérieur du contrat et aussi à celui de la gestion mise en œuvre. Côté supports, il n est pas évident de faire le tri, à moins de regarder, fonds par fonds, les frais mentionnés dans les documents-clés d information pour l investisseur.
Suivant le mode de gestion Les performances des fonds étant renseignées net, les épargnants étudient les résultats passés pour juger si le gérant a été compétent. II faut quand même avoir en tête qu un support actions coûte en moyenne un peu moins de 2 % par an ; un fonds obligataire, un peu plus de 1%. Un produit significativement au-dessus de ces chiffres sera à éviter, car cela se ressentira dans ses performances. Sinon, pour faire baisser la note, il faut se tourner vers les ETF, ou exchange-tradedfunds («fonds indiciels cotés»). Contrairement aux fonds gérés activement qui visent à sélectionner les meilleurs titres pour battre le marché, ceux-ci se contentent de répliquer un indice (le CAC 40 ou le S&P 500 par exemple). Résultat de cette gestion «mécanique» : leurs frais sont réduits, autour de 0,30% par an. Enfin, la troisième couche qui complète ce tableau: les frais relatifs au mode de gestion choisi. En gestion libre, on ne vous prélève rien en plus des frais du contrat. Mais dans un PER, le mode de gestion par défaut est la gestion pilotée à horizon retraite. Quelques acteurs ponctionnent des frais pour cette dernière. C est notamment le cas de Generali sur son contrat Generali Patrimoine, qui prend un supplément de 0,50% par an. Les contrats proposant des gestions pilotées à base d'ETF pré voient aussi une couche de frais, le total restant très compétitif.
NOV 21