Longtemps, l assurance vie aura été vendue comme l outil incontournable pour se préparer un capital retraite. Mais aujourd hui, le plan d épargne retraite individuel (Perin) - qui peut aussi être proposé dans le cadre de l entreprise - vient lui voler la vedette. A en croire les slogans publicitaires avancés ici ou là, ce nouveau placement, lancé à la fin de 2019 mais véritablement déployé depuis cet automne, offrirait les atouts de l assurance vie avec une botte en plus, la défiscalisation des primes versées. Est-ce bien le cas ? Pas si vite ! Evitons toute simplification pour nous atteler à une comparaison posée des deux solutions. De ce face-à-face, nombre de professionnels ne veulent pas entendre parler. Pourquoi ? Parce que «l assurance vie et le Perin ne sont pas en compétition, mais complémentaires, nous ont-ils récité. Il faut utiliser les deux formules, notamment pour les ménages à forte capacité d épargne et/ou très imposés. » C est, là aussi, aller vite en besogne. Votre épargne retraite mérite mieux que de satisfaire les desiderata commerciaux des établissements financiers. Avant de jouer le match, abattons toutes les cartes de la partie. D abord, ces deux placements sont aux mains des mêmes gestionnaires, les compagnies d assurances vie et autres mutuelles d épargne. Ce sont elles (sauf pour les offres en entreprise) qui balisent, pilotent et garantissent la bonne exécution de ces deux enveloppes financières. Autant dire que vous déposez, dans les deux cas, votre épargne dans la même boîte. N est-ce pas contraire à un principe clé de la gestion de patrimoine? Ensuite, sachez que vous avez affaire à des produits voisins. La preuve ? Lisez l en-tête de la notice contractuelle d un Perin, il y est écrit qu il s agit d un « contrat d assurance vie»... La suite n est qu un copié-collé enrichi des adaptations réglementaires et fiscales exigées par le législateur lors du lancement du plan d épargne retraite (loi PACTE d avril 2019). Le cadre étant posé, place au match! Pour certains professionnels, le résultat est couru d avance. «L assurance vie est universelle, alors que le Perin ne concerne pas les retraités et est sans intérêt pour les personnes trop jeunes ou peu imposées », résume Olivier Sentis, directeur général de la MIF. Il faut donc nécessairement détenir de l assurance vie pour construire et gérer son patrimoine, alors qu il faut éventuellement souscrire un Perin selon sa situation fiscale aujourd hui et celle prévue à la retraite. » Dont acte. Mais pour d autres, comme Gilles Belloir, directeur général de Placement-direct, « le Perin sera une solution financièrement gagnante dès lors que l on est imposé à 30% au moins et que l on verse l équivalent de l économie d impôt réalisée dans un produit d épargne ». C est exact. Pour trancher, soulevons le capot des deux placements sur plusieurs éléments clés : leur fonctionnement, leur potentiel financier, leur traitement fiscal aujourd hui, demain... jusqu au cas du décès. A chacun d en tirer la conclusion, en optant toujours - c est essentiel - pour un produit de qualité (voir nos sélections).
Fonctionnement: lequel vous laissera le plus libre ? Avec l assurance vie, c est assez simple. Après avoir ouvert un contrat, vous y versez quand bon vous semble, en respectant les minimums fixés par l assureur, de manière régulière ou non, sans aucune obligation. Plus important, vous pouvez retirer vos capitaux à votre guise, sans attendre huit ans, contrairement à une idée fausse encore répandue. Liberté complète, donc. Autre précision : l assurance vie est un contrat sans terme fixe, se prolongeant tant que vous n en retirez pas l intégralité de votre cagnotte et que vous êtes vivant. Côté Perin, c est moins souple. Certes, pour alimenter votre plan, le mécanisme est le même que précité : versements libres et/ou programmés. En revanche, vous ne pourrez pas récupérer votre argent librement, il vous faudra attendre d avoir liquidé vos droits à la retraite dans les régimes obligatoires (à l âge de 62 ans minimum, sauf exceptions). « Il s agit d un placement tunnel , avec un horizon fixe, la retraite, résume Olivier Sentis. Il faut faire le deuil de son épargne pendant longtemps, ce qui est assez contraignant. » Côté fonctionnement, le match tourne donc clairement à l avantage de l assurance vie. Nuançons toutefois ce constat. Certains estimeront que ce blocage de l épargne est utile aux personnes peu disciplinées dans la gestion de leurs économies, qui apprécieront de trouver un cadre bordé. D autant que, pour les rassurer, des situations autorisant un déblocage de son épargne de manière prématurée dans un Perin sont prévues par la réglementation. Il s agit du décès du conjoint ou du partenaire de Pacs, de l invalidité du titulaire du plan, de son conjoint (ou partenaire de Pacs) ou de ses enfants à charge, du surendettement du titulaire, de l expiration de ses droits au chômage ou encore de la cessation de son activité non salariée à la suite d une liquidation judiciaire. Le tout sans passer par la case impôts (sauf si le déblocage a lieu après 62 ans). L achat de sa résidence principale permet aussi de récupérer son pécule avant l heure de la retraite, mais cette fois le capital sera soumis à l impôt sur le revenu (et quel sera votre taux marginal d imposition à ce moment-là ?) et les plus-values au prélèvement forfaitaire unique (PFU).
DEC 20 JAN 21