La crise énergétique
qui a touché l’Europe en 2022
a-t-elle pris f in en 2024 ?
On ne peut pas dire qu’elle ait pris f in. En ef fet, 2024 a été, pour
l’équipe de la Médiation, presque aussi dense que 2023 qui avait
vu le nombre de médiations doubler par rapport à 2022. Environ
850 dossiers de médiation ont été reçus en 2024, en augmen-
tation de 80 % par rapport à 2022, soit 1 060 dossiers traités,
volume équivalent à 2023, du fait du stock résiduel en 2023.
Pourquoi ?
En premier lieu à cause de larrêt des aides dÉtat vers les consom
mateurs et la baisse progressive du bouclier tarifaire Du fait
également de la f in de contrats à prix f ixe avantageux sur 3ans
souscrits juste avant la crise de 2022 et de la déconvenue vécue
par des requérants au moment des renouvellements de contrats
pour tous les prix après crise ont augmenté de 40 à 60
Et ils ne sont pas revenus au niveau davant la crise énergétique
Et enf in du fait de contrats à prix f ixe souscrits par les profession
nels au plus fort de la crise aujourdhui moins compétitifs face à
la baisse des prix de lénergie les amenant à résilier ou chercher
la résiliation de leur contrat avec des frais souvent élevés
En outre, 2024 se distingue des années passées sur deux sujets :
- Une forte augmentation des médiations d’ENGIE Home
Services (installations et maintenance de chaudières, PAC …) :
+ 37 % en 2024 par rapport à 2023, sachant que cette dernière
année avait déjà vu une augmentation de 50 % par rapport à 2022.
Les problématiques de cette f iliale se retrouvent sur-représentées
au niveau de la Médiation avec un nombre de saisines approxima-
tivement multiplié par 2 entre 2022 et 2024.
- Un volume signif icatif de litiges concernant les petits pro-
fessionnels : une quasi-stabilité des médiations entre 2023 et
2024 mais une augmentation de 140 % entre 2022 et 2024 pour
ENGIE Direction des Clients Professionnels et ENGIE Entreprises
& Collectivités. Il est important de rappeler que pour les « petits »
professionnels dont le compteur électrique est de puissance infé-
rieure ou égale à 36 kVA, ou la consommation est inférieure à
30 000kWh pour le gaz des dispositions du Code de la consom
mation sappliquent comme la limitation à 14mois des rattrapages
de consommation
Léquipe de la Médiation a donc maintenu une organisation de crise
pour traiter un nombre élevé de médiations Toute léquipe sest
mobilisée et ENGIE nous a octroyé des moyens supplémentaires
Malgré le nombre élevé de saisines nous avons tenu à préserver la
qualité de nos analyses et notre approche personnalisée Dans ce
contexte particulier les requérants avaient plus que jamais besoin
de comprendre leur situation et de se sentir écoutés
Je tiens à remercier ici chaleureusement chacun de mes 12colla
borateurs pour leur implication et leur engagement Le résultat
est une amélioration du niveau de satisfaction 97 un niveau
jamais atteint et du taux de réussite des médiations 87 vs
84 en 2023
Côté médiation, quelles leçons retenir
de ces deux années de crise ?
On peut d’abord souligner la mobilisation conjointe de l’équipe de
Médiation et d’ENGIE, notamment de la Direction Grand Public
(DGP), qui a renforcé son action au sein du service client et du
service national des consommateurs. Cet engagement a permis
d’anticiper et de traiter en amont de nombreuses demandes,
évitant ainsi un af f lux massif de saisines en médiation. Le service a
ainsi pleinement joué son rôle en veillant à ce que seules les af faires
véritablement complexes, nécessitant ce processus de dernier
recours amiable avant la justice, soient adressées à la Médiation.
Ensuite on peut également retenir une évolution des recommanda-
tions. La Médiation a émis des recommandations génériques, dont
l’objet essentiel était d’amener à une remise en question de certains
processus, qui étaient trop orientés « consommations qui expliquent
la hausse des factures ». Avant la crise des prix de l’énergie, les fac-
tures élevées provenaient presque toujours de problématiques
liées aux compteurs et aux index de consommation. Les recom-
mandations proposées, qui sont une réelle plus-value apportée
par le Code de la consommation, doivent être implémentées pour
mieux prendre en compte une orientation « prix qui expliquent la
hausse » : informer au plus tôt, et durant la période d’information
contractuelle avant le renouvellement du contrat, sur le bon niveau
des mensualités prévues pour l’année à venir ; caler les factures de
régularisation annuelle sur les périodes contractuelles ; informer
sur les nouveaux prix, bien sûr, mais également rappeler les prix
du contrat précédent, pour mieux prendre conscience des risques
et faire jouer la concurrence, etc.
La plus forte contribution vient toutefois de la capacité de la
Médiation à sensibiliser rapidement les Directions d’ENGIE concer-
nées, et ce dès les premiers signes. C’est ce qui a été fait avec la
DGP dès la f in 2023. À partir d’un cas présenté par la Médiation,
qui pouvait illustrer un manquement plus large à certains engage-
ments contractuels, la DGP a pris des mesures fortes, attribuant
un dédommagement automatique sur tous ces contrats à partir
de février 2024, ce qui a fortement limité l’escalade de ces litiges.
Il est important de noter la nécessaire solidarité en période de
crise : la Médiation ne doit pas être le seul déversoir des situa-
tions anormales, quand la problématique est reconnue par
le professionnel.
On est passé d’une culture de gestion des
réclamations basée, avant la crise, sur l’analyse
des hausses des consommations expliquant
les factures élevées à une logique où la forte
évolution des prix explique seule ces hausses
Fautil élargir le niveau de recevabilité
des médiations pour améliorer le délai
de traitement des litiges
La médiation est à la mode Et on peut penser que cest LA solution
à la résolution de toutes les réclamations reçues par une entre
prise Toutefois si les réclamations arrivent trop tôt en médiation
celleci deviendra inexorablement un service de traitement des
réclamations » et ne pourra pas plus appliquer le principe qui fait
son succès : « Une médiation réussit grâce à la proximité et l’écoute
ce qui suppose plus de temps passé pour traiter les litiges non réso-
lus par l’entreprise. Les services clients ne peuvent pas fournir le
niveau de personnalisation et d’expertise apportés par la Médiation.
Cette dernière coûte donc plus cher pour chaque dossier que le trai-
tement d’une réclamation, sauf à dégrader la proximité et l’écoute. »
La médiation ne doit traiter que des cas complexes. Sa véri-
table valeur est d’amener l’entreprise à traiter correctement ses
réclamations, et non de se substituer à elle. Rappelons que si la
médiation est gratuite pour le consommateur, elle est f inancée par
les professionnels, selon les dispositions prévues par le Code de
la consommation. La Médiation pour le Groupe ENGIE demande
ainsi des comptes à l’entreprise ENGIE sur sa performance qui
dans ce cas, doit se mesurer par la baisse du nombre de média-
tions, corrélée à l’ef f icacité des recommandations de progrès
formulées chaque année aux f iliales de l’entreprise.
Y-aura-t-il une évolution du cadre
réglementaire de la médiation
de la consommation en France ?
La Directive RELC (Règlement extrajudiciaire des litiges de
consommation) est toujours en cours de révision au niveau
européen. Les médiateurs d’entreprise ont formulé des avis via
l’EEMG, au niveau européen et français. À ce stade, ils ont été pris
en compte au niveau européen. En particulier pour éviter que les
médiations ne se transforment en services réclamations : le risque
serait de transformer les entités de médiations indépendantes en
« sous-traitants » du traitement des réclamations à la place de l’en-
treprise. Notons aussi que la révision de la Directive ne propose pas
de principe de viduité à l’amont de la nomination d’un médiateur
de la consommation. En ef fet, cela s’opposerait à la compétence
technique requise pour un médiateur et qui se traduit dans les
propositions de solutions formulées. Cette connaissance des pro-
cessus techniques de l’énergie, mais aussi la facturation, la relève
et le Code de l’énergie, doit compléter les compétences en droit,
et la maîtrise du Code de la consommation.
Quelles sont vos perspectives pour 2025 ?
Depuis novembre 2024, nous constatons une forte diminution du
nombre de saisines Cela semble conf irmer une sortie de crise
Mon souhait est bien sûr de revenir à un mode de fonctionnement
normal hors processus de gestion de crise Et lobjectif de la
Médiation pour le Groupe ENGIE est de continuer à faire bais
ser le volume des réclamations côté fournisseur ENGIE af in de
diminuer in f ine le volume des saisines En 2023 nous avons ainsi
constaté que le nombre de saisines simples pouvant être traitées
directement par le service réclamation de la Direction grand public
avait diminué de 30 à 23 Cette baisse doit se poursuivre
De plus la Médiation désire être consultée en amont de la pro
position de nouvelles of fres ou de nouveaux processus af in de
contribuer à prévenir plutôt que guérir Enf in en 2025 la Médiation
espère obtenir grâce à son nouveau formulaire de saisine sur
Internet un meilleur contrôle de la qualité de la recevabilité des sai
sines écartant les saisines non recevables Nous facilitons laccès
à la Médiation en nous adaptant aux nouveaux usages tout en per
mettant un taux de transformation en médiation plus performant
Découvrez tous les
rapports dactivité
dela médiation pour
legroupe ENGIE
Retour sur
l’année 2024
Temps de lecture :
4 MINUTES
JEAN-PIERRE HERVÉ,
Médiateur pour le Groupe ENGIE.
“La crise énergétique 2022
s’est prolongée jusqu’en 2024 !”
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